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Au mois de janvier, Serge Muller accordait une interview fournie au Démocrate Indépendant1. Deux pages riches d’enseignement sur le député de la 2ème circonscription de Dordogne, qui se confie sur ses ambitions électorales, ses difficultés de terrain ou encore la rigueur avec laquelle il exerce son activité parlementaire.
2026 en ligne de mire
On y apprend notamment que le Rassemblement National vise la mairie de Bergerac lors des prochaines municipales. Élections à l’issue desquelles monsieur Müller se verrait bien « adjoint ou conseiller » car hélas, « avec le non-cumul des mandats, je ne pourrai pas être maire ».
Le RN est donc d’ores et déjà en campagne. Monsieur Muller affirme avoir été approché « par un ou deux membres des Républicains » et être allé frapper à la porte de Reconquête. Mais les temps sont durs pour l’extrême-droite périgourdine, qui peine à rallier les foules : « Les gens votent pour nous, mais personne ne veut dire qu’il adhère au RN. Il y a comme un tabou à dire ‘je suis du RN‘ », se désole l’élu. On se demande bien pourquoi.
Discriminé, stigmatisé… mais prêt à lutter
D’ailleurs, à en croire l’article, monsieur Muller souffre mille maux sur un territoire hostile à sa cause. « Je n’ai jamais été invité à aucune inauguration ou cérémonie », se plaint-il. « Je suis victime de discrimination, je suis stigmatisé. »
Une honte pour un homme qui demande pourtant si peu : « être connu, reconnu et intégré dans le paysage ». Pour cela, il se fait un point d’honneur d’assister aux vœux d’un maximum de communes, quitte à faire preuve de bravoure : « Le maire d’Eymet ne m’avait pas invité, j’y suis allé quand même. »
Un trio de héros
Ce courage, monsieur Muller le puise sans doute dans ses héros d’extrême-droite. L’interview lui permet ainsi de tresser les louanges de Jordan Bardella, « gendre idéal, toujours bien habillé, souriant », Marine Le Pen qui, juge-t-il, « en a plus dans la tête » (sic), ou encore Jean-Marie Le Pen, « un menhir qui tombe » qu’il regrette de ne pas avoir rencontré.
« Maintenant je ferai gaffe »
Mais le clou du spectacle réside dans un encadré dédié à plusieurs votes réalisés à l’automne 2024 à l’Assemblée, et pour lesquels « le député n’est pas en mesure d’expliquer les raisons » :
- pour la suppression du crédit d’impôt aux entreprises proposant des vélos à leurs salarié.es
- contre une taxe sur la publicité pour les aliments néfastes pour la santé
- contre une meilleure progressivité de l’impôt sur le revenu
Et lorsque le journal demande les raisons de ces votes à monsieur Muller, sa réponse laisse pantois : « Quelques fois, en hémicycle, on nous dit ‘là on vote contre ou on s’abstient’. Je fais confiance aux personnes qui ont travaillé en commission. […] Donc le petit doigt sur la couture, je vote ce qui m’est demandé, sans forcément avoir travaillé le sujet ou le maîtriser. […] Mais là, je ne sais pas pourquoi j’ai voté ça ; mea culpa, ça me servira de leçon, maintenant je ferai gaffe. Avec l’expérience, je me pencherai plus sur ce que je vote, parce que ça a un impact, en fait. »
Seulement trois ans de mandature auront été nécessaires à une telle prise de conscience. Espérons qu’il faudra moins de temps aux bergeracois.es pour se pencher sur leur prochain vote – qui aura un impact, en fait.
Sources
1 https://www.ledemocratedebergerac.fr/rassemblement-national-bergerac/ (article payant)